À propos de Go-Fast


Début 2021, des ancien.ne.s coursier.ère.s se regroupent pour fonder « Go-Fast » une société coopérative de cyclomessagerie Genevoise.

La décision de fonder une nouvelle coopérative est née d'un désir de développer une structure horizontale et collaborative, ainsi qu'un service de cyclomessagerie social et solidaire s'inscrivant dans une économie de proximité. La visée de notre projet n'est donc pas uniquement d'offrir un nouveau service de livraison rapide à vélo à Genève mais aussi de compléter un paysage associatif avec la création d'une structure s'engageant à mettre en réseau divers producteur.ice.s, artisan.e.s et consommateur.ice.s locaux.ales. Qui plus est, nous ne travaillons ni pour, ni à l'aide d'une application - le contact humain est notre mot d'ordre au sein de l'équipe et avec nos collaborateur.ice.s.

Il est inutile de préciser que nous effectuons tous nos services à vélo ou vélo-cargo, ce qui nous permet d'aller d'un bout à l'autre du canton sans subir le trafic ni perdre de temps à chercher une place de stationnement. De plus, cela a l'avantage de ne pas émettre de CO2 et de contribuer à la décongestion du centre-ville.

Vos livraisons sont remises en main propre dans des délais inégalables, du lundi au vendredi, de 8h à 18h !

Pour les membres de Go-Fast, être coursier.ère.s représente bien plus qu'un métier: c'est faire partie de toute une communauté fondée autour de l'univers de la petite reine. L'aspect social est donc au cœur de nos priorités, nous nous impliquons dans divers projets allant au-delà des livraisons. Par exemple, grâce aux surplus alimentaires de certain.e.s de nos collaborateur.rice.s, nous organisons des repas populaires; nous offrons également une permanence de réparation 101 de vélo lors des heures d'ouverture de notre local.




Nos péripéties




Histoire du métier de cyclomessager.ère


Le métier de cyclomessager.ère est aussi méconnu du grand public qu'il est ancien : si certain.e.s passioné.e.s de la bicyclette savent reconnaître les différents maillots et sacs des cyclomessageries genevoises slalomant avec aisance entre les voitures, beaucoup ne connaissent pas réellement l'existence, sinon l'ampleur qu'a pris la profession ces 30 dernières années.

Le look moderne et épuré (ou pas) du/de la cyclomessager.ère actuel.elle sur son vélo de route ou à pignon fixe, le fonctionnement d'une cyclomessagerie avec dispatcheur.euse.s et la confiance accordée aux coursier.ère.s sont des éléments témoignant de l'héritage de presque un siècle et demi de livraisons urgentes de plis, colis, analyses médicales, repas et autres courses nécessitants une prise en charge rapide et efficace.

L'apparition des cyclomessager.ère.s date probablement de la moitié du XIXe siècle. Néanmoins, le métier prend son importance en 1894 à San Francisco durant une grève ferroviaire, événement qui met en avant la possibilité d'acheminer rapidement des lettres de Fresno à San Francisco autrement qu'en train. Plus généralement, un boom du vélo dans les années 1890 est suivi de la popularité croissante des telegraph boys aux états-unis, coursiers acheminant des télégrammes d'un bout à l'autre des métropoles grandissantes.

En Europe, à l'avènement du 20ᵉ siècle les premiers messagers parisiens, muni de leurs hautes draisiennes, rôdent autour des bistrots en attendant qu'un client demande de transmettre un message à un interlocuteur situé dans un autre bar de la cité parisienne. Ce n'est qu'à partir des années 1990 (après leur disparition fin des années 1970) que les coursier.ère.s à vélo font leur réapparition à Paris suite à… la grève des transports de Décembre 1995 à Janvier 1996 ! Des dizaines d'entreprises situées dans la capitale française comprennent à ce moment-là qu'aucun autre moyen de transport est aussi rapide et peu cher en milieu urbain que le vélo - ainsi commence l'âge d'or des cyclomessager.ère.s modernes dans les multiples grandes villes. Les premiers championnats du monde cyclomessager.ère. ont vu le jour à Berlin, en 1993 et ont été depuis organisés chaque année dans le monde entier.

Le métier évolue, ainsi que la nature des courses. Lorsque les signatures électroniques se démocratisent, les coursier.ère.s livrent colis, plans d'architectes et autres objets ne pouvant pas être acheminés par voie électronique. Transporter des objets volumineux de la manière la plus ingénieuse possible devient rapidement un sport international : les coursier.ère.s du XXIe siècle étant de plus en plus connecté.e.s entre elleux, des hashtags fleurissent tel que #carryshitolympics (littéralement les jeux olympiques du transport d'objets), véritable répertoire des multiples manières de livrer.

Parallèlement à l'évolution du métier se développe l'outil de travail du/de la coursier.ère : si le travail même est certainement une passion pour lae cyclomessager.ère, son vélo est un marqueur social, temporel et géographique, en plus d'être un prolongement de soi. À Genève, aujourd'hui, les montures les plus communes chez les coursier.ère.s travaillant pour des cyclomessageries traditionnelles restent les vélos de route, les singlespeeds et les vélos à pignon fixe, pour celleux avec les genoux assez solides. Pendant les années 90, ce furent les VTT, encore largement utilisés dans certaines villes où le temps est moins clément, mais très rarement ici. Depuis les années 2000, la volonté naissante de décongestionner les centre-villes et de développer un moyen de transporter des objets volumineux et lourds moins polluant et dangereux qu'un camion amène un renouveau dans la production de vélocargos, de plus en plus populaires aujourd'hui, et utilisés par la plupart des cyclomessageries.

Difficile de parler de l'évolution du métier sans parler d'ubérisation - les sociétés similaires à UberEat telles que Eat.ch, Just Eat et Deliveroo, pour en citer quelques-unes se sont multipliées depuis 2015. Ces applications mettant en lien micro-entrepreneur.euse.s et client.e.s ont démocratisé un rapport au travail devenu obsolète avec des décennies de lutte sociale visant à améliorer les conditions de vie des travailleur.euse.s. N'ayant pas le statut de salarié.e.s, iels ne sont pas couvert.e.s par les cotisations sociales pour les assurances maladies, chômages, et retraites, et doivent gérer elleux-mêmes leurs affiliations aux régimes de protection sociale.

Avec cela est amenée la question de la concurrence déloyale imposée par ces prestataires à leur arrivée à Genève et ailleurs, et à quel point sont impactées les cyclomessageries traditionnelles - quel futur est possible pour la livraison à domicile de nourriture, par exemple, par les cyclomessageries traditionnelles, avec les tarifs proposés actuellement par ces entreprises technologiques ? Nous sommes amené.e.s à repenser l'avenir de notre métier - l'électronisation de certains champs de métier (de l'envoi de lettres à la numérisation de travaux de prothésistes dentaires) inquiète un nombre de cyclomessager.ère.s, mais un renouveau dans la nature des objets transportés permet de penser à de nouvelles perspectives. De plus en plus de centre-villes sont à présent en train de se fermer aux camions, camionnettes et même aux voitures. Parallèlement, des études récentes démontrent de loin l'efficacité du vélo-cargo en centre-ville, et on peut observer une volonté croissante de lier les producteur.rice.s locaux.ales et consommateur.rice.s de manière plus écologique.